18 novembre 2024: la nouvelle réalité militaire haïtienne…
Billet à mon bienfaiteur, l’historien Georges Michel; aussi à mes jeunes amis Olivier F. et Andy G.J., passionnés d’histoire nationale.
«Considérant que les Forces Armées d’Haïti doivent, vénérer tous les Héros de l’Indépendance et tout emblème qui rappelle leurs aspirations légitimes, leur bravoure et les sacrifices qu’ils ont consentis dans le but de nous léguer une patrie libre et indépendante; », Voir Le Moniteur du Jeudi 6 Novembre 1958; l 13ème Année №123
«Considérant qu’il y a lieu pour les Forces Armées d’Haïti de vénérer les Héros de l’Indépendance qui ont forgé la Patrie Haïtienne;», 13 Novembre 1958, Dr, François Duvalier; Voir Le Moniteur du Vendredi 14 Novembre 1958; 113ème Année №126
Deux officiers dominent mon propos à l’occasion de ce 18 novembre 2024: le Colonel Abel Jérôme et le Capitaine (sous-lieutenant de vaisseau des Garde-Côtes) Serge Denizard, récemment décédés. J’aurais bien aimé vous dire quand l’armée a été reconstituée (novembre 2017), nous avions besoin d’un sage (Lt-Gén. Jodel Lessage) et qu’actuellement les guerriers (Lt-Gén. Derby Guerrier) sont une urgente nécessité; mais j’ai perdu mon bon sens littéraire!
Je suis entré dans le dossier de la Marine Haïtienne parce que je souhaitais savoir que sont devenus ceux qui prirent l’exil avec le Colonel Octave Cayard, en avril 1970.
Jérémie et ses particularités m’impressionnèrent depuis mon époque scolaire. Nous avions parfois l’impression que la “guerre du sud” (1799–1800) se prolongea, au-delà des contentieux d’avant-hier… Notre cher historien Charles Dupuy nous a si magistralement souligné l’époque dans les forces armées, lorsque la couleur des acteurs déterminait les dimensions d’un conflit en Haïti (L’affaire Calixte).
Si l’on essaie de bien observer ces deux destins, on pourrait rapidement conclure l’un cimenta le duvaliérisme (Colonel Jérôme), l’autre (Sous-Lieutenant Denizard) participa au séisme qui ébranla le régime, un an avant le décès du Président François Duvalier. C’était une époque assez spéciale, la petite Haïti avait une petite place dans l’hémisphère, remarquablement structuré par la guerre froide…
Un demi-siècle plus tard, Jérôme et Denizard seraient bien effrayés par la sanglante multiplication des états-majors militaires, lourdement armés, rien que dans le département de l’Ouest. Raisonnablement parlant, le simple citoyen subit une réalité dont l’efficacité militaire déroute les esprits rationnels. Les bras et fusils qui défilent n’ont rien à voir avec la conception et la planification des opérations. Lorsqu’on analyse sans préjugé le théâtre des opérations, on est surpris par l’étonnante paralysie d’anticipation des autorités, apparemment légales.
Comme tout le monde, j’ai écouté les pronostics de cet analyste résidant à Washington. Il projette des événements apocalyptiques autour de février 2025. Quel optimisme, quoique macabre! Dans l’état actuel de l’efficacité organisationnelle des nouveaux commandos militaires haïtiens, sauf miracle divin, très peu de citoyens pourront accrocher le nouveau calendrier dans leur demeure “l’année prochaine”…
Notes: «Il semble que le Colonel Cayard contrôlait deux navires de la Garde côtière avec un effectif d’environ 70 hommes.» Source: National Archives, Nixon Presidential Materials; Office of the Historian, Bureau of Public Affairs.
Gilbert Mervilus,
ancien professeur d’histoire au Collège dirigé par l’historien Rémy Zamor (Le Métropolitain)
17 novembre 2024