220 ans…
Voilà quelques mois (juillet 2024) que je me suis installé dans un exercice fort complexe: une promenade autour des Directeurs du Journal Officiel, Le Moniteur, et des ancêtres institutionnels des Presses Nationales d’Haïti. En vérité, exercice exigeant puisque tous ceux que j’avais invités dans mes préoccupations ont gentiment évité de m’accompagner.
Mon propos à ces amis (lecteurs et initiés à l’histoire nationale) était simple: Au 19 et 20ème siècles, nous trouvons à la tête des deux “soeurs jumelles” (Saint Jean, Le Nouvelliste, avril 2022) de brillants intellectuels et écrivains solides. Sait-on pourquoi ils furent choisis et quel fut leur apport à la construction d’une entité unique qui célèbre le 15 novembre 2024 sa 220ème année d’existence, au-delà de nos turpitudes, généralement dévastatrices.
Bien avant l’administration des Directeurs, je m’étais intéressé à la qualité et l’histoire des machines aux Presses Nationales. Vers l’âge de 10 ans, mon père me présenta Monsieur Nicolas Beauséjour qui fut un excellent relieur formé à l’alors Imprimerie de l’État. De cette génération j’avais appris que l’acquisition du matériel de qualité n’a pas toujours figuré à l’agenda de la hiérarchie d’hier… Je me rappelle le remarquable reportage du journal Le Nouveau Monde (fin 70-début 80), au sujet du cadeau de Madame François Duvalier aux ateliers des Presses Nationales: des machines de la marque Aurelia.
Lorsqu’on s’applique à étudier rigoureusement la qualité et profondeur de nos textes légaux en feuilletant Le Moniteur, au-delà de l’apparente similitude avec les structures de l’ancienne métropole, on reste sérieusement surpris par l’histoire juridique et administrative haïtienne. Aujourd’hui encore je me rappelle cette phrase jadis familière à la maison, “Le Moniteur n’est pas encore sorti”… Dans un pays où l’informel semble la norme, les choses sérieuses ne se font pas au son du tambour…
Il est carrément difficile de résumer en un court paragraphe comment la mémorable Institution (en réalité, les deux soeurs jumelles) ont pu s’installer confortablement au 21ème siècle, dans ce pays si imprévisible. Cet exploit s’explique par la ténacité militaire, tant sur le plan physique qu’intellectuel, d’un serviteur public providentiel, Monsieur Ronald Saint Jean.
Talon!
Notes: Le Journal Officiel s’appela en 1804, “Gazette Politique et Commerciale d’Haïti” (15 novembre 1804); La Sentinelle d’Haïti en 1807; Le Télégraphe en 1813; Le Moniteur Haïtien, de 1845 jusqu’à la fin d’avril 1867; références: Max Bissainthe, Dictionnaire 1951 & Gallica-BNF.
G. Mervilus,
15 novembre 2024
Texte & photos: G. Mervilus