Académie Militaire d’Haïti: le commandant des cadets, une forte personnalité
Il est dit ailleurs, «Le commandant des cadets est l’officier à la tête du corps des cadets. Le commandant est à la tête du département de la tactique et est responsable de l’administration, la discipline et l’entraînement militaire des cadets de l’académie. Exemple pour tous les élèves-officiers, le commandant est un diplômé de l’académie de caractère impeccable et qui a fait preuve de réussite à la fois dans l’excellence académique et dans le service militaire actif sur le terrain. Extrait de Wikipédia, Liste des commandants des cadets de l’académie militaire de West Point »
Chez nous, certaines traditions sont apparues avec la création de l’Ecole Militaire (1921). Mais personne n’a encore songé à les enregistrer, convenablement. A partir d’août 2016, j’ai souhaité rédiger une histoire d’Haiti, laquelle serait d’abord celle des directeurs de l’Académie Militaire au XXème siècle. Pourquoi? Dans la capitale, cette personnalité a fait partie de toutes les conversations, à un moment donné. Certes, en considérant prudemment les apeuprismes et les inévitables exagérations du caractère haïtien lesquels aboutissent généralement à une succession improductive de superlatifs sans repère. Quatre ans plus tard, j’avais fini par comprendre qu’on risque de tout rater dans la réalité du campus militaire si on ne cerne pas le stratégique personnage qu’est le commandant des cadets.
L’une des premières allusions écrites au poste se trouve dans Le Flambeau 1941 et elle concerne le capitaine Antoine Levelt, futur directeur de l’Académie Militaire. A partir du 19 octobre 1938 le capitaine Antoine Levelt (commissionné pour ce grade le 8 juin de la même année) commencera à donner au poste une dimension moderne :
Le second document est d’importance capitale, car il vient d’un cadet qui sera plus tard avocat, président de l’Assemblée nationale, ministre de la Défense: «A la descente de l’autobus ( le lundi 4 octobre 1982 ), il était environ 8h15 du matin. Un fait attira soudainement notre attention : de manière incompréhensible, l’entrée du bâtiment (Académie Militaire…) était obstruée par un amas de boue alors qu’il n’avait pas plu la veille. Nous avions tout de suite pris conscience, et ce, sans oser en parler, que c’est là que tout allait commencer. Nous étions accueillis par le commandant des Cadets, le capitaine Raoul Cédras ainsi que le capitaine Alix Richard Sylva, les lieutenants Himmler Rébu et Lyonel Liautaud et tous les sous-lieutenants qui remplissaient le rôle d’officiers-instructeurs. Bien cintré dans son beau costume militaire, le capitaine Cédras avait, dans son allocution de circonstance, mis l’accent sur les valeurs de l’Académie Militaire, une école d’excellence qui a formé plusieurs générations d’officiers. Au moment de conclure, il regardait les cadets avec intensité et prenant un air solennel, il sortait une formule élégante et accueillante de Bienvenue Messieurs les cadets. Les portes de l’Académie vous sont grandement ouvertes, alors ! Entrez.
Ces paroles ont eu pour effet de nous laisser imaginer une suite heureuse. Des paroles à ranger dans la catégorie de celles qui rassurent, qui laissaient comprendre que tout allait bien se passer. Eh non! Alors que nous foulions le sol de l’enceinte sacrée, le cri est vite parti des entrailles du lieutenant Rébu : Sortez imbéciles, et alors ! Retournez chez vous, idiots ! Couchez-vous ! Commencez à ramper etc. Des ordres à tribord et à bâbord pendant plus de deux heures que les cadets exécutaient par un étonnant automatisme qui écarte dès le premier jour l’esprit rebelle qui habite les jeunes.
Ce jour de baptême de feu fut marqué par des vomissements, des pleurs, des blessures aux coudes, aux genoux et des regrets. Vers onze heures trente du matin, nous fumes conduits aux dortoirs, nos nouvelles demeures » (Source: Jean Rodolphe Joazile, Capitaine FADH, Promotion Charlemagne Péralte 1982- 1984 ; Exclusivité Haitiz-News, 5 0ct. 2017).
A suivre…
Gilbert Mervilus, 1/9/2020
Notes: Raoul Cédras, «Lieutenant, commandant des cadets le 6 juin 1978, avant de devenir officier d’entraînement en 1981 au grade de capitaine» (K. Delince)
Série antérieure: L’inclassable colonel René Prosper, directeur de l’Académie Militaire d’Haïti https://medium.com/@gilbertmervilus/linclassable-colonel-ren%C3%A9-prosper-directeur-de-l-acad%C3%A9mie-militaire-d-ha%C3%AFti-877a4dff021d?