«Au Coeur de Métropole», 50 ans plus tard!
Vers 1979, je me suis mis, très informellement, à étudier des situations de rupture, dans l’histoire de la musique haïtienne. Encouragé dans mes trépidantes considérations par Aubelin Jolicoeur, grand reporter culturel, je me rendis, sur son conseil, chez le maestro Issa. Le monumental maestro gardait encore quelques belles larges feuilles de partition, entre des dizaines de tableaux, arrangés pêle-mêle, dans un merveilleux désordre. C’était vers le milieu des années 80. Pendant notre unique et mémorable conversation, avec le regard d’un créateur en paix avec le monde, Issa El Saieh me décrivait l’extraordinaire talent de Herby Widmaier.
Radio Métropole, créée par Herby Widmaier, Bob Lemoine et Roland Dupoux, le 8 mars 1970, s’installa, tout doucement, dans notre quotidien. Une époque à la fois heureuse et compliquée. Des conjonctures qui s’envolent rapidement ; lorsqu’on en parle, c’est pour se demander si elles ont réellement existé ? Nous n’imagions même pas, qu’un jour, la vie nous offrirait en cadeau, l’histoire du fondateur Herby sur la Télé de Radio Métropole ; laquelle appartient pleinement à notre quotidien audiovisuel. C’est sur les ondes de Métropole, dans ces années 70, que le public haïtien découvrit la Garota de Ipanema (Antonio Carlos Jobim/Vinicius de Moraes); les oeuvres majeures de Dorival Caymmi, sans oublier les Gilberto (Joao; Gil; etc). En créant cette programmation d’avant-garde, Herby Widmaïer joua un rôle unique dans l’imaginaire de ma génération.
Vers la fin de décembre 2012, malgré la perte de mes petits carnets de notes, résumant presqu’une décennie de curiosités et de recherches, je décide de publier «Au Coeur de Métropole». Je ne m’imagine pas que mes premiers 500 mots autour de Herby Widmaier vont être immédiatement lus par plus de 500 lecteurs, en France (Ipagination.fr)!
Il est devenu très difficile, de comprendre actuellement le poids d’un Bob Lemoine dans notre quête de vouloir bien «dire». L’élocution correcte s’étant, ces jours-ci, installée au chapitre des délits!
La voix de Bob Lemoine imprégna nos cœurs de mille notes joyeuses, les unes parfumées, les autres profondément musicales. Ce créateur hors pair qui brillait au micro de Métropole, égayant la cité et le pays; il enveloppait merveilleusement son message avec cette inimitable étoffe culturelle, difficile à oublier, au-delà de nos saisons, généralement bouleversantes.
Nous étions tous, fanatiquement branchés sur Métropole, 129 AM; l’ancien fascinant Radio Métropole, alors située à la rue Pavée, avec un long escalier, lequel nous ouvrait les fenêtres du monde, entre les magasins « C’est du Français » et « Madame & Mademoiselle ». A environ une trentaine de mètres, un samedi matin de ces loitaines années 70, à « Anson Music Center », mon père, causant à Jo Anson, me fit serrer la main du costaud Bob Lemoine. Bob Lemoine, ce grand monsieur qui savait mettre son cœur au micro, pour le plaisir de nos cœurs. Je me rappelle son enthousiaste flamme contagieuse, pour saluer, traditionnellement sur les ondes, chaque nouvelle année. C’était un rendez-vous national inclusif.
Bonne fête!
Gilbert Mervilus, 4 mars 2020