Au fils de Monsieur Carl Labossière

Don Gilberto
2 min readMay 8, 2021

«Le vide laissé est déjà immense» disait Le Nouvelliste du 8 octobre 2014

Mon Cher, ce 8 mai 2021, je causais avec Pouchy et Mario, grands d’une Haïti qui refuse de se rendre. Et, comme une ordonnance royale, le nom de Carl Labossière s’impose!

Il fut un de mes maîtres et il le savait.

«C’était, vers la fin des années 70, en secondaire, je me rendais, deux fois par jour, au Collège Classique, à Lalue. Sa résidence, rue Camille Léon, immédiatement après le local de l’ancien Club Camaraderie, une belle barrière, en fer forgé –différent du fer soudé… –, portant la traditionnelle couche de minium. Avant même d’apercevoir le personnage, l’inégalable parfum du Captain Black, parfois round taste, parfois royal, indique qu’il est tout près. En effet, Monsieur Carl Labossière, éternelle pipe aux lèvres, était toujours en grande conversation avec un voisin, un piéton ou quelqu’un qui descendait de voiture, pour le consulter. C’était l’époque du Nouveau Monde, journal du gouvernement, certainement, mais avant tout, journal bourré de jeunes talents : Roland Thadal, Christophe Charles, Charles Max Bazile (auteur d’un fameux article, dans lequel il glissa cette phrase prémonitoire, « si un homme mordait un chien »…), entre autres.

C’est bizarre, sous ces conjonctures dites de la dictature, Wikipédia n’était pas encore à la mode, alors que le dictionnaire et la grammaire avaient un sens, élevé. Celui qui écrivait, savait écrire, parce qu’il devait apprendre à écrire; et des responsables honnêtes comme Carl Labossière, flairaient les talents, à mille kilomètres de leur bureau.

J’ai passé plus d’une dizaine d’années à l’observer, jusqu’à un matin de notre fameuse transition (troublante… !), je lui adressai, en pleine rue, mon Maestro! Avec élégance et sobriété, il venait de faire un geste public, qui traduisait, civiquement, ses préoccupations sincères (la gerbe de fleurs au pied de Toussaint Louverture, en compagnie de Me. Constantin Mayard Paul). Enfin… Nos hommes, leurs coriaces turbulences et vingt-ans d’inexplicables crises prévisibles ont donné raison à cet intellectuel sérieux et profond : les troupes (E.U.A., O.N.U., etc.) ne partiront pas demain matin…

Visiblement, Monsieur Labossière n’appartenait pas à la classe des doctoricides et mystificateurs, vociférant au microphone à une altitude stratosphérique ! Il y a presque deux ans, pendant environ dix minutes, nous avons causé sur l’escalier de la Unibank, Saint-Louis roi de France. Sans être pessimistes, nous n’entrevoyions pas encore le milieu du tunel…

Un citoyen honnête est parti.

Gilbert Mervilus, 26 octobre 2014»

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