Chez «Monsieur Fritz», à la rue Fernand
Parfois, on vous invite à raconter l’histoire d’un lieu. Et vous voici attrapé par une succession de lieux, de calendriers; une époque et un bataillon d’acteurs.
En cette fin des années 70 et début de la riche décennie 80, les quartiers Canapé Vert, Bois Patate, Fernand, Jean-Baptiste et voisinage symbolisaient propreté, quiétude et bonheur. On ne se préoccupait point de la sécurité, car entre l’intendant du Palais (Monsieur Jean-Baptiste) et le chef d’état-major de l’Armée (le général Saint-Albin), une cinquantaine de poids lourds habitaient dans cette partie de la capitale.
La pâtisserie, à l’entrée de chez «Monsieur Fritz», apporta une magnifique note de gaieté inclusive dans ce secteur et le Port-au-Prince d’alors. Le vendredi après-midi, entre 2h et 6h, c’était un presque défilé des grands collèges (Sacré-Cœur, Lalue, Marie Anne, Charité, etc).
Quelle enseigne devrions-nous accrocher à ce merveilleux espace? J’opte pour «Saveurs de Barcelone» à votre portée! Ce n’était pas; pas encore, le temps des affiches prohibitives que subit la jeunesse actuelle. Aujourd’hui encore, j’ai vu sourire un ami lorsque «Monsieur Fritz» lui parlait des prix de la tarte à l’oignon. A partir de 6h pm, le quartier élargi débarquait: Turgeau, Pacot, Bourdon,etc. A l’heure du «Canap», le sandwich-spécialité de la maison!
Un beau soir de la troublante conjoncture 1988–89, Madame Floreska et Monsieur Fritz jugèrent sage de fermer.
Gilbert Mervilus, 14 mai 2019
Notes: «Saveurs de Barcelone», l’auteur se souvient de Foix de Sarrià, fameuse pâtisserie catalane fondée en 1886
«Pâtisserie des fins gourmets» s’appelait Chez Monsieur Fritz (ajouté le 17 mai 2019)