Dans le voisinage de Ralph Penel
Ma dernière grande conversation sur les arts graphiques remonte au milieu des années 90. L’atelier de Tiga (Jean-Claude Garoute)se trouvait à l’angle des rues Marguerittes-Jean Paul II. Entre nos commentaires autour de «Jets lucides» (publié par son oncle, Hamilton Garoute) et les dernières prouesses d’un spectacle du saxophoniste Turgot Théodate, nous étions d’accord qu’étudier sérieusement l’oeuvre d’un créateur haïtien constitue un véritable exploit militaire.
J’observais Ralph Penel, armé de sa caméra, photographiant méticuleusement les angles d’un imposant véhicule. En découvrant quelques mois plus tard la finesse de son crayon aristocratique sur le périmètre apprivoisé du véhicule, je me suis installé à son Ecole. Vous noterez que j’évite le mot réducteur «dessinateur». Parce que vide de contenu magique dans notre milieu. Ai eu la chance d’être très initié, tôt, à l’Ecole d’ Albert Uderzo et René Goscinny pour Astérix & Obélix; sans oublier- un peu plus tard- Josep Coll, Antoni Batllori Jofre, Benejam Ferrer, pour la revue TBO d’Espagne. Le dessin majuscule tel que développé par Penel et ces aînés constituent une discipline exigeante (beaucoup d’effort au pluriel).
Chaque créateur devrait être apprécié selon des critères spécifiques. Ralph Penel Pierre ne m’a-t-il pas exposé avec éloquence les droits d’auteur au XXIème siècle? Au pays où l’émotion même est informelle, j’aurais pu l’appeler «Me. Ralph». Ce serait carrément insulter deux décennies de créations majestueuses, certes d’un Maitre, d’une autre dimension. Nous voici donc, frappant à sa porte pour mieux saisir une oeuvre surprenante
Gilbert Mervilus, 17 déc. 2019
A suivre