Le roi Juan Carlos (à droite) s’entretient avec le Président de la République d’Haïti, Michel Joseph Martelly (à gauche). EFE /08/JUL/2011

Dimanche de Défense: Lorsque presque tout le monde parlait (ou souhaitait parler) …«espagnol»

Don Gilberto
4 min readJul 11, 2021

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Nous venons de vivre une terrible semaine. Pendant de lourdes heures explosives, l’évident parfum de pogrom s’est emparé de larges secteurs, hélas, de notre société sévèrement traumatisée. Avec des faits divers étrangement oubliés, j’ai placé les réflexions de ce Dimanche de Défense, autour des communautés dominicaines et colombiennes, bien enracinées chez nous, au-delà de nos déchirures actuelles.

Rappel: Dimanche de Défense est une chronique relativement jeune inaugurée les 20 et 21 octobre 2020 par la relecture éclairante des articles du Dr. Georges Michel et l’intervention constructive d’anciens avisés.

Au Champ de Mars, secteur Place Pétion, l’on se rappelle le «poulet dominicain» (rôti ou barbecue). Innovation à succès, inclusive. Le poulet s’appelait «dominicain» parce que cuisiné, à partir du début des années 80 par des dominicains. C’est aussi le début de la conquête du marché par la bierre Presidente. L’initiative démarra dans le secteur Martissant-Carrefour pour rapidement s’étendre à travers toute la région métropolitaine. Les salons de beauté administrés par des dominicaines suivent le même parcours. La capacité d’intégration, de chaque «génération» de dominicains, surprend. On a l’impression, en peu de temps, qu’ils ont toujours appartenu à l’environnement!

Tour Digicel (2003–05), photo G.M.

Au début du XXIème siècle, à Turgeau, «le» dominicain, par excellence, s’appelle Rafael. Responsable du département de décoration de «Le Pèlerin Home Decor», alors situé au no. 153 de l’Avenue Jn Paul II. Lors de la construction de la Tour Digicel (2003–05), sur l’ancien terrain du tennis-club de Turgeau, au no. 151, les opérateurs de l’impressionnante grue à tour sont dominicains. Quelques mois après le séisme de janvier 2010, sur un nouveau chantier, là où se trouvait l’Hôpital de Turgeau, en face de la Digicel, se distinguent l’assistant contremaitre Antonio (originaire La Romana) et l’ingénieur Joël, «Mocho», électromécanicien et marin. Ce dernier aurait commencé à travailler dans notre pays depuis le début des années 90.

En décembre 2012, inauguration du chantier Marriott-Digicel. Une spectaculaire nouvelle grue à tour, aussi. Un autre groupe de professionnels dominicains, efficace et structuré, apparait dans le secteur. Je l’appelle la «génération Wilson», du nom d’un membre de l’équipe. Ils seraient une trentaine, en comptant aussi la coiffeuse María et un couple de restaurateurs, installé pendant quelques mois, à l’impasse Duverger prolongé, vers Faustin 1er. Au moment où la réputation des ouvriers dominicains, maitrisant parfaitement le parasismique, s’étend sur le marché, nous constatons l’omniprésence du Cemento Cibao.

L’hispanisant Louis G. Lamothe. «Nous n’avions pas besoin de prendre l’avion pour faire le tour de l’Hispanité majuscule. Le Dr. Lamothe m’appelait par téléphone et heureusement c’était l’époque de la TELECO. Nos conversations refusaient de se terminer!» G.M. Ciel Ouvert, 31/7/2012
L’hispanisant Christophe Mervilus. Il fut difficile avec ses disciples comme il devait être un maitre exigeant avec lui-même… (Lyonel Desmarattes). «Un jour, il nous fit une démonstration magistrale de sa maîtrise de la langue de Cervantès. Il nous a appris comment le mot “aimant”est prononcé de façon différente dans toutes les parties de l’Espagne en citant une à une villes, communes et contrées» (Mario Andrésol).

La génération de la décennie 70–80 succède à celle qualitativement impressionnante des années 1965–70. Le 15 mai 1968, Lope Balaguer, chanteur dominicain de classe, considéré l’un des plus grands maitres du boléro hémisphérique d’alors, débarque à PauP avec l’illustre maestro Rafael Solano. En décembre 1979, Cuco Valoy fait trembler la capitale haïtienne avec Juliana.

Le bolero ranchero s’installa dans toutes les couches de la société haitienne, avec Javier Solís (1931–1966), vers la fin des années 60. Vinrent ensuite les voix de José Alfredo Jímenez (1926–1973), Miguel Aceves Mejía, Antonio Aguilar, Amalia Mendoza. Le moment le plus intense, de l’histoire de la musique mexicaine en Haiti, est certainement resté le spectacle du Mariachi Vargas de Tecalitlán, en compagnie d’Amalia Mendoza, lors de la première inauguration du Ciné Triomphe, au milieu des années 70. Ils laissèrent, en souvenir de leur mémorable performance, 3 sombreros qui ornaient les salons intérieurs du Triomphe, jusqu’à sa première fermeture, vers la fin des années 80.

Jo Anson, propriétaire de «Anson Music Center», représentant la marque SONY, était le disquaire par excellence du ranchera, du bolero ranchero et ce qu’on appelait la musique espagnole, au 62 de la Rue Pavée.

Le Dr. Juan Zapata Olivella (1922–2008), prestigieux ambassadeur colombien en Haïti pendant des années

Le premier orchestre colombien à s’imposer sur les ondes en Haïti fut «Los Diplomáticos» en 1965 (Discos Fuentes) dans une superbe production avec Daniel Santos.

A suivre…

Gilbert Mervilus, 29 août 2016, octobre 2017, 11 juillet 2021

Ref: “Los generales haitianos y dominicanos se mandaban flores” | Acento https://acento.com.do/cultura/pastor-vasquez-los-generales-haitianos-y-dominicanos-se-mandaban-flores-8739460.html

Breve étude sur la situation de l’enseignement de l’espagnol en Haïti pendant ce vingtième siècle /Gilbert Mervilus, 1999, Library Of Congress

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