Draft Notes Robert Galley
Archives LE MONDE 08.12.1980 à 00h00 • Mis à jour le 08.12.1980 à 00h00
La “ cordiale “ rencontre de M. Galley avec la presse haïtienne
La conférence de presse donnée par M. Robert Galley le 22 novembre à Port-au-Prince s’est-elle vraiment déroulée dans un climat cordial comme on l’affirme au ministère de la coopération (le Monde du 4 décembre) ? Le Matin, quotidien haïtien pro-gouvernemental, en donnait, dans son édition du 25 novembre, le compte rendu suivant : “ Lors de la conférence de presse de samedi au Manoir des Lauriers, un confrère s’est fait infliger une leçon de convenances à l’occasion d’une question tout à fait malvenue (…). Il est plus que temps que les journalistes soient filtrés à ces rencontres avec les étrangers et les personnalités de haut rang en visite officielle, pour éviter des déconvenues à la presse haïtienne avec ces rats de rédaction se parant pompeusement du titrede journaliste “. Quelques heures plus tard, quelques-uns de ces “ rats de rédaction “ étaient appréhendés, premières cibles de la vague d’arrestations qui vient d’avoir lieu en Haïti.
Au ministère de la coopération, on admet que M. Galley a refusé de répondre à une question parce qu’elle portait sur les affaires intérieures françaises, mais on affirme que cela n’a pas donné lieu à incident.
M. Grégoire Eugène, l’auteur de cette question, demandait au ministre, qui venait d’annoncer une augmentation de l’aide française à Haïti en 1981, comment il pouvait engager de telle façon la France, à quelques mois de l’élection présidentielle. “ Votre question est mal élevée, vous n’avez pas à porter de jugement sur les affaires intérieures françaises “, s’entendit-il répondre. Il fit remarquer au ministre que lui “ se mêlait bien de la politique intérieure haïtienne “, et, après un échange de propos virulents, quitta la salle, suivi par d’autres journalistes. M. Grégoire Eugène a été ensuite arrêté et expulsé vers les États-Unis.
Notes: 28 novembre 1980, arrestation et exil plusieurs militants politiques et journalistes.