EN LISANT LESLIE PÉAN
Brève présentation, fiche BiblioMonde, «Né en 1949 en Haïti, Leslie J.-R. Péan a fait ses études universitaires d’économie à l’Université de Strasbourg et a obtenu sa maîtrise en économie à Rutgers University dans le New Jersey aux États-Unis d’Amérique. Il a été économiste senior à la Banque mondiale où il a été en charge du développement de projets dans les secteurs de l’infrastructure, de travaux d’intérêt public, d’approvisionnement en eau potable, de nutrition communautaire, et de développement urbain. Consultant international, Leslie Péan a travaillé pour le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), et la Banque Inter Américaine pour le Développement (BID). Leslie Jean-Robert Péan publie aussi des articles dans les journaux et revues haïtiens et étrangers».
« De Toussaint Louverture à François Duvalier, en passant par Dessalines et Salomon, ils misaient tous dans un certain futur clair. Ce n’est pas sans raison que Jean-Claude Duvalier fut mulâtriste dans sa pratique : les présupposés venaient d’en haut. Fou qui croit que Jean-Claude Duvalier trahissait le rêve : C’était ça, le rêve !» Michel Rolf Trouillot
«Comment et pourquoi les créateurs du nouvel État ont abouti à la décision d’assassiner le commandant en chef ? Pourquoi Geffrard mais aussi Capois-la-Mort ont été assassinés avant lui ? Pourquoi près de 40 ans après cet assassinat, le nom de Dessalines n’a-t-il jamais été prononcé ? Pourquoi l’histoire officielle a-t-elle passé sous silence le discours dans lequel le mulâtre Rivière Hérard en janvier 1844, alors président, sort pour la première fois le nom de Dessalines de l’oubli ?
On ne sait toujours pas s’il voulait alors simplement se dédouaner face aux revendications du mouvement des Piquets d’Acaau. Pourquoi la désinhibition n’a eu lieu qu’avec les pouvoirs noiristes de Pierrot, Soulouque, Salomon, Estimé et Duvalier ?
La sublimation du crime du Pont-Rouge est faite à travers la culpabilisation des mulâtres Gérin, Pétion, Bonnet, Boyer considérés comme les responsables du parricide. En réalité, le mal-être haïtien ne part pas de l’assassinat de Dessalines, mais du massacre des Français qui l’a précédé deux ans auparavant. Ce massacre ordonné par Dessalines est fondateur à plus d’un titre. C’est le meurtre du père blanc, ce fantôme enkysté dans l’inconscient collectif haïtien, violeur de nos mères, corps vide de représentations et de symboles, qui attise la répétition interminable du parricide.
Le Blanc abuseur de nos êtres est un ancêtre immobilisé dans les structures mentales de l’Haïtien. Tous les Blancs cependant ne furent pas des êtres de violence, de honte et de cupidité. Certains furent des révolutionnaires et ont participé aux luttes de libération des esclaves.
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Au fait, les noiristes reprennent le diagnostic de Thomas Madiou qui écrit en 1844 : « les mulâtres ont si mal conduit la charrette qu’ils l’ont jetée dans un trou ; elle y restera ». L’ironie est qu’en prenant le pouvoir, les noiristes n’ont fait rien d’autre que s’enfoncer davantage dans ce trou».
Notes: Voir Le père Dessalines et les sans repères, Par Leslie Péan, 27 octobre 2014, Kiskeya
Consulter, aussi, sur AlterPresse: «La semaine Dessalines : Le mauvais chemin pris par Haïti dans l’histoire».
Gilbert Mervilus
5 mars 2016
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