Encore, Octave Cayard!
«Deuxième sirène et mouche pa vole», Frankie Morone (au sujet du couvre-feu d’avril 1970, après l’Affaire Cayard)
J’aime me rappeler ce vendredi 24 avril 1970. Le chauffeur des fils d’un puissant commandant des Volontaires de la Sécurité Nationale (VSN) du Palais arriva bien avant midi. Il était calme et portait une chemise à carreaux, bleu et blanc, manches courtes. La directrice se dirigea vers lui et ils causèrent à voix basse. Ce vendredi-là, il n’y eut pas de récréation. Bizarre, nous semblait-il, surtout quand mademoiselle Lundi (nom propre) nous pria de rester tranquilles et les bras croisés sur la table. Il m’aura fallu quelques bonnes années pour comprendre cette « mutinerie des Garde-côtes », qui se déroulait loin de mon école, mais qui fit basculer beaucoup de choses autour du régime.
Un an après, le cœur du président à vie s’arrêta.
Difficile de savoir, jusqu’à présent, s’il décéda le «cœur content» ou s’il s’était fâché, à la dernière minute. On racontait que le comportement décisif du colonel Cayard avait sérieusement troublé ce qui restait de santé au président à vie, Dr. François Duvalier, lequel avait déjà enlevé, depuis longtemps, de son vocabulaire le mot «sommeil», ainsi que le verbe «dormir». A l’occasion de ce décès, un tas de gens qui n’avait aucun rapport avec la famille présidentielle, le pouvoir ou le gouvernement, s’habillèrent en noir. Ce deuil, qui certainement atteignit le morceau de soleil et de lune correspondants au territoire, dura de longs mois, car le fils du «tigre succéda au tigre»…
Un jour de l’après 1986, il y eut une silencieuse conversation, entre une photo du colonel mutin d’avril 70, Octave Cayard, et moi, au bas du quartier de Lalue, dans l’un des studios photographiques appartenant à son neveu.
Pour quelques uns de ma génération, le colonel Octave Cayard nous avait appris à regarder nos côtes, autrement. Des années plus tard, en 1994, je me trouve sur le «wharf» de Jérémie, travaillant dans la commune de Cité Soleil avec l’une des premières armées du monde. Aujourd’hui encore mes préoccupations n’ont pas trop changé: l’Etat haïtien, ses côtes et sa longue frontière sont une histoire beaucoup plus triste que l’histoire d’Haïti…
Nous voici donc impliqués dans une nouvelle bataille complexe: retracer le visage des commandants!
J’aime aussi me rappeler le général Namphy qui préside la cérémonie d’inauguration de la statue de Capois-la-Mort en 1987 à Port-au-Prince, sur le Champ de Mars (Johanne Tremblay )… Le général-président a-t-il compris que les étrangers vont paisiblement débarquer (d’abord comme observateurs…), au fur et à mesure que la statue de Capois-la-Mort se met à fondre. Il semble que le plâtre ne résistait pas au soleil…
Au Combat, Cher Richard!
Gilbert Mervilus, 27 octobre 2020
Premières notes d’une conversation avec Richard Bouzi, sans prétention exhaustive autour de la question: «Parmi les officiers ayant commandé la Marine Haitienne nous pouvons citer: Les Amiraux Aristide Doucet, Albert Lebon, Hamerton Killick…De 1915 a 1943 les Americains prirent le controle des douanes et de la Marine en Haiti. De 1943 à 1957 nous pouvons citer partiellement Philippe Cham, Robert Bazile, Joseph Goban (disparu en 1963), Albert Poitevien (assassiné le 26 avril 1963) Georges Bayard, Raymond Lafontant, les colonels Jacques Laroche, Jean Gilles, Octave Cayard, le capitaine de vaisseau Dorsainvil, le Colonel Jean Claude Laurenceau, le Commandant ( Lt-colonel) Michel Louis de 1986–1988, le colonel Hebert Valmond juin 1988-septembre 1988, le capitaine de vaisseau Ambroise Seide 1988–91, le capitaine de vaisseau Charles André 1991–1993, Jean Joseph Coquemard Lt de Vaisseau, le Commandant (lt col) Yves Célestin et le sous-lieutenant de vaisseau Joseph Jean Mary Wagnac 1994- police interimaire.
Garde Côtes PNH Joseph Jean Mary Wagnac, Léon Charles, Atanase Grégory Blanchard, Joseph Jean Mary Wagnac, Frantz Augustin, et…»
Article antérieur : Frankie Morone, spécialiste en restauration photographique https://gilbertmervilus.medium.com/acad%C3%A9mie-militaire-dha%C3%AFti-frankie-morone-sp%C3%A9cialiste-en-restauration-photographique-4b07646fc2b3
