ENTRETIEN AVEC JEAN DANIEL LAFONTANT
Vendredi 10 octobre. Presqu’au même carrefour, d’où il y a plus d’une année, je vous avais parlé de ma causerie avec l’historien, Dr. George Michel, et quelques mois plus tard, avec le professeur Pierre Buteau, historien aussi, je rencontre Mr. Jean-Daniel Lafontant.
Mr. Lafontant, ancien notable du quartier, banquier rationnel ; et dans le cœur, tout simplement grand citoyen préoccupé, m’a permis de revisiter notre histoire. Dans ce style profond et sans prétention, propre à ses ancêtres : ils évitent toujours, de dramatiser nos subtilités, à la fois déroutantes et surprenantes.
Ce vendredi donc, nous constations, qu’à chaque saison, des noms percutants semblent vouloir bousculer la cité, pour essayer de préfacer un chapitre quelconque, lequel sera pendant quelques semaines, bruyamment élevé au rang de l’héroïco-historique. Ces désagréablement chauds caprices conjoncturels, entre le cathodique ultraplat et une apparente religiosité pseudo-catholique, finissent toujours hélas, par bouleverser les quotidiennes prières strictement alimentaires et les urgents réflexes pécuniaires.
Enfin, l’envers d’une soi-disant modernité, plutôt suicidaire.
Entre-temps, je me suis rappelé une nutritive lecture, d’il y a au moins trente ans, dans deux épais volumes, à reliure métallique datant des années vingt, du siècle passé. Ces magnifiques pages dactylographiées, autour de la «garde intérieure et couvre-feu», destinés à l’Ecole militaire d’alors, appartenaient à un ancêtre de Mr. Lafontant.
Ce vendredi-là, sur un ridicule trottoir de Turgeau, nous avons failli réécrire ces fameuses anciennes batailles, dans lesquelles l’histoire a pris la précaution de distinguer, un gagnant dit « vainqueur » et un perdant. Là où nous vivons, aussi drôlement qu’ailleurs, constaté à voix basse, les batailles ressemblent, ces jours-ci, à un passe-temps stupide, où le perdant s’arme de mille prétextes, pour vociférer qu’il n’a pas su gagner !
C’était une instructive mini-conférence, comme à polytechnique, notre rencontre.
Gilbert Mervilus, Ipagination, Paris, 26 octobre 2014