FMP 1969–1974: 50 ans plus tard…
Le jeudi 8 août, deux sommités médicales m’ont rappelé que nous nous approchons du 50ème anniversaire d’une des plus brillantes Promotions de l’emblématique Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’UEH.
En vérité je vous l’avoue, j’avais antérieurement eu un plan de célébration, puis des réflexions strictement militaires m’ont ordonné d’agir dans la discrétion. En analysant nos turpitudes à la loupe, j’ai finalement opté pour la réalisation d’un coup d’état, académique et humain: placer au coeur de notre collectivité ces chevronnés professionnels qui habitèrent à la rue Oswald Durand de 1969 à 1974. Il est toujours utile de souligner qu’alors, l’étudiant en médecine vivait pratiquement sur le campus. Un vénérable de Promotion, chez qui je réside spirituellement, m’a minutieusement détaillé les délices du sandwich inoubliable d’un petit restaurant du portail Léogâne.
En planifiant mon coup, j’ai pensé à un illustre général d’armée de la Promotion 1959–61 de l’Académie Militaire d’Haïti: dès que le cadet franchit la barrière de l’Académie il est militairement engagé. Dans le pays d’hier, deux concours faisaient trembler notre jeunesse: celui de la FMP et celui de l’Académie Militaire. Polytechnique -future Faculté des Sciences- et Agronomie observaient joyeusement au milieu. Cela a duré quelques bonnes décennies du XXème siècle.
En 1969, j’étais à Au Galop et aujourd’hui encore je m’interroge comment j’ai pu me faufiler dans l’histoire majuscule de tant de Promotions de la FMP ! Tout récemment, je commentais les exploits de celle de 1940 (les Pères de la résidence hospitalière); puis l’extraordinaire parcours d’un pionnier de la coopération médicale haitiano-vénézuélienne (lauréat de la Promotion 1945); sans oublier ma présence presque militaire depuis plus de 25 ans autour des chantiers d’une sommité de celle de 1974, baptisée Dantès Destouches. En page 2 du quotidien Le Matin du 25 mai 1907, nous apprenons le mariage à l’église Sainte Anne de Melle. Isabel Blas Vieras et du pharmacien J.W. Vital. Le parrain du mariage de mes arrières grands-parents maternels fut le Dr. Dantès Destouches.
En 1969, lorsqu’on m’accompanait chez le Dr. Hénec Titus (Chemin des Dalles), je ne m’imaginais pas du tout que 50 ans plus tard, certains riverains du Bois Verna me salueraient comme “Doc”… Ils le disent avec beaucoup plus d’attention que lors de mon passage au Ministère de la Santé Publique sous l’administration du Dr. Henri Claude Voltaire.
Fort souvent ces jours-ci, je me sens sincèrement orphelin de cette magistrature sereine autour des cliniques d’hier… Lorsque nos parents saluaient les médecins monumentaux Martelly Séïde, André Bolière, Gérard Boyer et longue liste; nous en pantalon court avions cette perception que la moitié de la ville défilaient, chapeau bas, sur le trottoir de leurs cliniques. Le capitaine-docteur Gérard Boyer fut ministre de la santé et mon père, chargé de l’économie et du commerce sous le gouvernement du Général Antonio Th. Kébreau.
Participer à ce 50ème anniversaire est d’une complexité magnifique. Comment expliquer avec de simples mots aux générations actuelles qu’il existe encore de merveilleux haïtiens qui n’ont pour armes que la blouse et le stéthoscope ? Comment savoir rendre hommage à cette catégorie de combattantes et de combattants, toujours militairement disposés à faire l’impossible pour maintenir allumé sur le territoire national l’indispensable flambeau de la santé?
Urgemment, les médecins haïtiens ont besoin de ce coup d’état, humain et académique; ce revirement profond pour que nous apprenions à convenablement apprécier leurs efforts et dévouements impayables.
Bonne Fête à la Promotion Dantès Destouches; aux parents; amis; alliés; admirateurs et élèves.
Gilbert Mervilus, 8 août 2024,
Ancien de l’INAGHEI
