Il y a 50 ans: la défense nationale dans l’Haïti du jeanclaudisme naissant
«Le 2 janvier 1971, le Dr François Duvalier, dans son message traditionnel à la Nation, présente son fils Jean-Claude, alors âgé de moins de dix-neuf ans, joufflu, obèse même, comme son successeur. […]. Le message présidentiel du 2 janvier donne le signal du départ. Les premiers à se lancer à l’assaut sont les commandants de toutes les unités militaires, état-major général en tête». Pierre Raymond Dumas est resté l’un des rares analystes politiques à nous transmettre cette dérangeante sensation qu’il se trouvait derrière une porte lors des événements. Il constitue une sorte de Martin Scorsese, indifférent aux oscars et à la caméra.
Grâce à son talent, nous constatons qu’il y a 50 ans, au-delà des «combines politico-affairistes» associées au régime, le jeanclaudisme laissait la plus belle carte postale des intentions d’une organisation moderne de la défense nationale.
Chez les voisins, on enregistre et on note. Aucune étude haïtienne solide n’a encore convenablement éclairé pourquoi les deux premières promotions (1971 et 1973) d’officiers de la réouverture de l’Académie Militaire d’Haïti le 30 août 1971 causèrent une légère inquiétude aux idéologues militaires du balaguérisme. Les échos sont parvenus jusqu’à nous grâce au Listín Diario: «Entre frictions diplomatiques, incidents frontaliers et discours enflammés autour de la défense de la souveraineté, nous voici en 1977. Haïti achète des avions et des chars de combat; geste qui favorisa les rumeurs d’un éventuel projet d’agression militaire contre la République Dominicaine», Homero Luis Lajara Solá (Los 12 años de gobierno de Balaguer y Haití, 06 de septiembre de 2018) . On apprendra, suite à une confidence d’un haut responsable dominicain de passage à PauP, le vétéran président dominicain Joaquín Balaguer et ses conseillers militaires suivaient avec attention la modernisation apportée dans la formation des cadets haïtiens par le colonel René Prosper, au début des années 70.
Toujours au début de ces années 70, précisément lors de la visite en Haïti du général Anastasio Somoza Debayle, président du Nicaragua, les rumeurs strictement militaires rapportèrent la vente éventuelle de 8 avions de combat Mustang P-51 à J.C. Duvalier.
Gilbert Mervilus, 2 janvier 2021
Notes & références: Du père au fils : une transition réussie, 14 et 15–10–2014, Le Nouvelliste, Pierre Raymond Dumas
10 mars 1972: Jean Claude Duvalier reçoit le général Anastasio Somoza Debayle, président du Nicaragua, Nicolás López Maltez, La Estrella de Nicaragua, ed 531
Discours de François Duvalier, 2 janvier 1971 (complet) : RL10059-RR-0010_01.mp3 Duke University Libraries Digital Collections
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