«L’Ambassade» serait-elle réellement la cause de nos drames ?
Généralement et surtout après le démantèlement du duvaliérisme physique, tout soupçon d’un officier ou des responsables de «L’Ambassade» entraîne même pour une brève conjoncture la disgrâce consulaire ou autre. Au temps du fameux Lynn Garrison (on le disait éminence grise du premier cercle en 1992–94…), on lui attribua une phrase, oubliée de nos analystes actuels: Aux États-Unis, il n’y a pas de coup d’État parce qu’il n’y a pas d’ambassade américaine…
«Washington» pèse lourd, dans les grandes orientations politiques et les palpitations économiques nationales. Nos vrais fonctionnaires, civils et militaires — aujourd’hui de la police… — sont presque tacitement nommés et révoqués sur l’avis de l’ambassade américaine. Il est intéressant de constater, dans la course pour plaire aux américains, nos politiciens sont parvenus, à un moment donné, à créer une gauche très sensible aux injonctions de la politique américaine. La plupart de nos « communistes» ont joyeusement travaillé pour «L’Ambassade». Pourtant, en observant, même superficiellement, Santo Domingo et La Havane, on notera très peu d’influence américaine dans un Port-au-Prince, comme prédisposé à la bidonvillisation ganstérisatrice.
Que l’on soit honnête ou le contraire envers ce qu’il convient d’appeler «la politique américaine», les hauts diplomates affectés à la Mission de Tabarre ne jouissent presque plus d’affection dans les coeurs et sur les lèvres d’Haïti-Thomas, ces jours-ci. Quant à nos malfaisants politiciens, ils manigancent souvent avec des propos de Lénine, pour concrétiser leurs plans qu’ils qualifient de «politique américaine». Ne font-ils pas toujours croire que l’Ambassade américaine constitue une sorte de parti politique au service des meilleurs magouilleurs. Amen! A de nombreuses reprises, dans notre imaginaire, le représentant du président des E.U.A. est un personnage qui se réveille à cinq heures du matin pour accompagner un chef d’Etat renversé, jusqu’à la passerelle d’un vol spécial, ou à faire désespérément le tour de la ville, vers minuit, à la recherche d’un successeur, caché sous mille matelas ou dans une latrine hors d’usage, loin de la capitale.
Parfois, le discours de fin de mission, entre insultes et menaces subtiles, représente un véritable sermon… C’est que, la position de l’envoyé du Département d’Etat n’est jamais facile. Il doit s’arranger pour préserver le minimum. Ayant pour principaux interlocuteurs ce qui reste d’une classe politique cupidement chimérisée et une population martyrisée.
Sincèrement, nous devrions commencer à réévaluer nos classes politiciennes…
Gilbert Mervilus, 25 octobre 2021