L’art de Rachid Bouchareb
Au début de l’été 2011, un vendeur ambulant me propose le cd « Hors-la-loi ». Attiré par la photo de Jamel Debbouze, portant Borsalino, nous concluons, sans discussion, pour environ 1euro (cinquante gourdes). En moins de trois mois, j’avais revu le film presqu’une trentaine de fois; entièrement et par chapitre.
Le savoir faire de Monsieur Bouchareb a réorganisé, en très peu de temps, une aventure intellectuelle, commencée sans méthode dans la documentation, ni discipline chronologique : Comprendre l’histoire de la fascinante Algérie.
Sous l’ancienne dictature, nous parlions de certaines parties du monde, à voix basse. Après, on évita les moindres allusions aux combattants sincères et honnêtes. Nous assistons à une espèce de choc souterrain entre « vieux fous » et faux démocrates mal recyclés.
A la mémoire de toutes ces victimes de Sétif, et d’autres tragédies, merci à Rachid.
15 juillet 2013
II
«La Voie de l’ennemi»
J’ai découvert «La Voie de l’ennemi» (Two men in town, 2014), presque dans les mêmes conditions que «Hors la Loi»; avec cette grande différence que j’allais me transporter, à quelques kilomètres de là où je vis, loin de la fascinante Algérie.
Sur la pochette, c’est le duo de choc Forest Whitaker-Harvey Keitel qui m’a convaincu qu’il s’agit d’un grand film. Puis, lorsqu’est apparue la signature de Bouchareb, aux premières minutes de présentation, je me suis dit, c’est un vrai grand bon film!
Au-delà des réflexes produits par nos lectures ou les simples curiosités qui s’imposent avec la vraie vie, l’expérience et nos interrogations intimes, il y a des sujets, étrangement mystérieux, qui s’installent dans nos préoccupations quotidiennes; en majuscule.
Très peu de mots pour vous confier, pour la énième fois, l’Amérique du fast food, de Coca Cola et du visiblement lumineux ne m’intéresse pas. Toutefois, il y a cette autre Amérique, celle que déshabille le savoir-faire de Rachid Bouchareb, à travers ces lourdes phrases qui semblent sortir d’une postface postmortem d’un Hemingway se soûlant à la morgue avec Truman Capote!
Cette Amérique dans sa longue frontière (environ 3200 kilomètres) avec ce fantastique Mexique; un douloureux tracé, aussi dramatique que toute l’histoire de la même Amérique avec le reste du continent. Dans la vraie vie et ses surprenantes complexités, vous ne savez pas, avec certitude, quand cette frontière vous crache «fuck you» et quand elle souhaite vous déclarer «I love you». Cela reste un mystère des cimetières oubliés, aux milliers de fosses perdues…
Quelle merveilleuse réalisation, ce scénario de Bouchareb, «la présence algérienne du film», dans un univers où chaque grain de sable cache d’incroyables mystères…
Notes:«William Garnett, ancien membre d’un gang du Sud du Nouveau Mexique, vient de passer dix-huit ans en prison pour meurtre. Converti à l’Islam et en quête de réinsertion, il est libéré en conditionnel pour bonne conduite et essaie de changer de vie. Il se lie d’amitié avec Emily Smith, son officier de probation, qui vient d’être transféré à Luna, petite ville du Nouveau Mexique. Mais au moment où Garnett commence à profiter de sa liberté et à connaitre le bonheur, il est malheureusement rattrapé par son passé. Entre le Sherif Agati, qui veut se venger du meurtre de son adjoint, tué vingt ans plut tôt et son ancien gang qui le harcèle pour le faire revenir, Garnett sent ses vieux démons remonter à la surface». Synopsis, «La Voie de l’ennemi»,Wikipédia.
13 décembre 2015