Le renseignement dominicain, une institution presque centenaire…
Il s’avère toujours indélicat et difficile de parler État voisin avec la plupart des haïtiens. Les structures étatiques voisines sont non seulement solides, mais la rapidité avec laquelle ces institutions fournissent les données indispensables à tout chercheur effraie. Dans l’Haïti de 2020, les sites sont vides et surtout il faut éviter de déranger les éminences multicolores qui y pullulent. Les données chez nous se résument à la salive ou à l’arrogance mystificatrice.
Le 13 août 1927, âgé de 36 ans, Rafael Leonidas Trujillo y Molina est promu général de brigade. Le Commandant en Chef de l’Armée Dominicaine, responsable de l’ordre public et de la sécurité de l’Etat, écoutait avec patience tous les problèmes politiques du peuple dominicain. Il créa, à l’insu du pouvoir, «son» service de renseignement . Lorsqu’il prit le pouvoir en 1930, la liquidation et la persécution à distance faisaient partie de sa «gouvernance». La création du Servicio de Inteligencia Militar (SIM) en 1957 constitue une évolution dans l’appareil répressif dominicain. Le SIM pratiquait systématiquement la persécution, la torture, le meurtre à l’intérieur et à l’extérieur du pays; le système d’espionnage et de surveillance était implaccable. Le SIM cessa son opérationnalité officielle en 1962.
Entre le 15 janvier 1962 et le 20 mars 1964, la Dirección General de Seguridad (DGS) s’occupa du renseignement dominicain.
Le 20 de marzo de 1964 est créé el Departamento Nacional de Investigaciones (DNI), reformaté en juillet 1978 (Loi 857 du 22 juillet 1978). Mission du D.N.I.: «[…] Comme Agence du Renseignement, recueille, traite et transmet [à la hiérarchie] les informations concernant la sécurité de l’Etat et de ses institutions; son analyse est destinée à servir de base à la prise de décision des plus hauts niveaux de commandement de la nation».
A la mi-juillet 2012, Mme. Janet Napolitano, Sécurité intérieure E.U.A., signa avec le président Leonel Fernández, un accord pour survol de drones américains sur le territoire dominicain, dans le cadre de la lutte contre le grand trafic de drogue. Le 22 juillet 2014, l’amiral Sigfrido Pared Pérez, alors ministre des forces armées et futur chef du D.N.I annonçait l’achat de deux hélicoptères, avec dispositifs électroniques avancés, et 30 supers jeeps, affectés uniquement à la surveillance frontalière. La D.N.I. dominicaine, en peu de mots, constitue une C.I.A., de petite taille.
Le nouveau pouvoir voisin dispose déjà d’incroyables données sur Haïti. Il n’y a pas eu de déchoukage dans les états-majors dominicains.
Gilbert Mervilus, 7 juillet 2020