Les premiers instructeurs américains (3ème texte)
«Avant 1915, l’officier était généralement commissionné sans avoir jamais passé par l’Ecole Militaire. Parfois, le Président de la République, comme preuve de haute faveur, délivrait un brevet d’officier dès le berceau au fils d’une famille amie. D’ores et déjà, le favorisé était dispensé du service militaire pour lequel on faisait ordinairement le recrutement manu militari. Si le jeune homme voulait faire état de son titre,il pouvait, avec l’appui des dieux du jour, prendre rang dans l’armée, selon le grade qui lui avait été autrefois octroyé. Mais normalement, les officiers sortaient du rang et comme tout citoyen devait l’impôt du sang, chacun portait en sa giberne le licorne de général puisque le maréchalat n’a jamais existé dans nos fastes militaires.
Cela n’empêche point, toutefois, notre bonne vieille armée d’antan de posséder quelques officiers de réelle valeur, ayant acquis leur grade par leur mérite personnel, leur dévouement, leur amour du métier des armes. Des missions militaires françaises étaient appelées de temps à autre en Haïti pour organiser des corps spéciaux d’infanterie, de cavalerie ou d’artillerie. Leur travail se révélait fructueux à certains égards et notamment, ils formaient les cadres de la troupe en choisissant officiers et sous-officiers parmi les éléments les plus instruits qui, à leur jugement, pouvaient devenir de vrais chefs. Par ailleurs, de jeunes haïtiens passaient de temps à autre par les écoles militaires françaises : St. Cyr, St. Maixent, Saumur, Châlons et même l’Ecole Navale du Borda.
Telle était la situation quand l’ancienne Armée fut dissoute et remplacée par une Milice, la Gendarmerie. Il y eut tout d’abord de rares officiers haïtiens. Les cadres étaient composés des gradés de cette fameuse Infanterie de Marine des États-Unis […].
Ce ne fut qu’en 1921 que l’on pensa à pourvoir définitivement notre nouvelle force armée d’un Corps d’officiers haïtiens issus d’un Centre d’instruction Militaire régulier ».
Extrait du brouillon préparé par l’enseigne de vaisseau Raymond Lafontant et le sous-lieutenant Christophe Mervilus, d’ordre du major Antoine Levelt, pour la revue Cahiers d’Haïti, en septembre 1945.
HISTOIRE D’HAÏTI: LES LIEUX DE LA FORMATION MILITAIRE AU XXème SIÈCLE (Casernes Dartiguenave, Ancienne Maison Stéphane Archer, Foyer Saint-Martin, Frères. Article antérieur sur Médium, Gilbert Mervilus Photos voir le lien
https://www.instagram.com/p/CALMAkoBfA1/?igshid=1jt2kwlpns154
Textes 1 et 2: POUR UNE HISTOIRE INCLUSIVE DES F.A.d’H. https://medium.com/@gilbertmervilus/pour-une-histoire-inclusive-des-f-a-dh-26a06644e587?