Lorsque Me. Ralph F. et Delano Morel nous aident à honorer la génération qui fit «1949»

Don Gilberto
5 min readDec 22, 2024

Me. Ralph F. me présenta à Madame Lucienne H. Estimé au milieu des années 90, au Cabinet de Me. Georges Beaufils. Avant-hier, 20 décembre, il me demande qu’est devenue la statue de marbre qui se trouvait dans le voisinage de l’ancien Ministère de la Justice (futur siège du Tribunal du travail…), alors au Bicentenaire. Je me rappelle avoir reçu la photo de cette statue du «chef de notre haute police culturelle», Delano Morel. Lorsque pendant presque 50 ans vous avez le bonheur et le privilège d’observer les interventions d’un combattant de la dimension de Monsieur Morel autour de notre capitale, il savoir l’élever respectueusement à un rang que les analphabètes constitutionnels des gouvernements — à vie ou de passage– n’arriveront pas à saisir… Ou détruire.

Ce même Morel me téléphone au cours de la semaine pour m’informer qu’il a découvert un document archéologique du théâtre haïtien: «L’héritage et l’arriviste» de Martial Day. Souvent, trop souvent, nos janviers cachent un étrange parfum d’été volcanique! Imaginez j’ai eu le bonheur d’écouter le monument Edris Saint-Amand (Le vent de Janvier) à l’ancien INAGHEI et de causer abondamment avec l’immense Martial Day. Je me suis promené, grâce à eux, sur les planches du Rex Théâtre de janvier 1946. Lorsque Roger Dorsinville sut magistralement dénoncer le préjugé de couleur dans «Barrières». La pièce fut interdite à la 3e représentation du 4 janvier 1946. Quelques jours plus tard, le 11 janvier, Lescot fut chaviré…

Martial Day sauva un soir la vie d’une dame qui accouchait presque, sur le trottoir de Trois Bébés (Turgeau). Il revenait du Laboratoire (rue du Centre) vers 9h-10h du soir. Ralentissant pour passer saluer son compère Christophe Mervilus, il tomba sur le spectacle. C’était au début des années 60. Les deux compères se firent aider par le Dr. Sylvio Célestin. Tout se passa très bien. Ils laissèrent l’Hôpital Militaire vers 3h am.

Pour celles et ceux qui viennent d’avoir 18 ans, soulignons le nom du major Martial Day, remarquable officier du Service de Santé des FADH; pharmacien (UEH) et haute spécialisation aux EUA (voir Le Nouvelliste du 20 août 1948, page 3); professeur à la Faculté de Médecine; leader de la troisième génération des légendaires Laboratoires Day (Rues Miracles & Centre). Exceptionnel dramaturge (auteur de L’Héritage et L’Arriviste, Imp. Le Natal).

Une décision du destin me plaça parmi ses fils adoptifs. Au début des années 80, j’ai pu transférer sur cassettes l’immense collection de tape recorder des pièces de théâtre de l’acteur et des interventions à la radio de l’alors lieutenant de l’Armée d’Haïti, ancêtre institutionnel des FADH. Voir annexe Clément Célestin, tome 3, page 33. Malgré l’immensité de nos turpitudes, en 1957 l’Armée eut un officier pour lire, expliquer et répondre aux questions de la presse nationale et internationale. J’ai longuement causé à un de mes frères Day quelques années après le séisme du 12 janvier 2010. Des mains impatientes emportèrent les boîtes de tape et de cassettes, conservées jusqu’alors dans une véritable maison-musée, à l’impasse Day de la ruelle Nazon.

La photo de la statue du Ministère de la Justice m’ordonna de revisiter quelques détails essentiels autour de «1949».

Du Nouvelliste — La sculpture en Haïti au XXe siècle : L’exposition du bicentenaire de Port-au-Prince: La personne responsable de la décoration du site de l’exposition était Pierre Bourdel (1901–1989) (parfois on écrit Bourdelle), un Français qui vivait aux États-Unis. Il était un farouche partisan d’une meilleure intégration de l’art à l’architecture. Il eut l’occasion de le prouver dans des murales en relief réalisées sur les façades de pavillons nationaux comme la Poste et le bâtiment devenu le siège du ministère des Affaires étrangères. Pour cela, à défaut de pouvoir compter sur des sculpteurs locaux valables, plusieurs artistes étrangers ont été engagés pour ce projet, notamment Theodoro Ramos Blanco (cubain, 1902–1972), James Richmond Barthes (américain 1901–1989). Signalons pour l’histoire que notre Antonio Joseph a participé à ce projet. C’est également Bourdel qui fit réaliser les sculptures géantes de femmes nues entourant la fontaine lumineuse, la plus grande du monde, avait-on dit. Baptisées les «Nymphes d’ébène», elles sont l’œuvre du Finlandais Arvi Tynys. Par ailleurs, grâce à ses relations, Pierre Bourdel a pu obtenir que quelque 32 sculptures classiques, en marbre et en bronze, soient prêtées par le Metropolitan Museum de New York pour être installées à travers le site. Dans ce lieu de promenade, toutes ces sculptures étaient offertes à la contemplation du public et plusieurs d’entre elles étaient même directement accessibles (Gérald Alexis, Le Nouvelliste, 11 avril 2017).

Le catalogue des 32 sculptures doit bien exister dans les collections et archives du Metropolitan Museum de New York. Elles furent «rapatriées» en 1979. Bob Lemoine en parla sur Radio Métropole.
Jusque vers 2011–12, il y avait encore une dernière de ces statues à l’entrée de l’ancien siège de l’ambassade américaine… Serait-il interdit, criminel ou subversif de penser à créer un tour virtuel de l’ancien Bicentenaire de Port-au-Prince?

Catalogue de l’Exposition internationale, 1949–1950; UFDC
Le Président Estimé en route pour l’exil, en compagnie de sa famille…
Delano Morel à Bibliothèque du Soleil

Recherches, documentation & texte: Gilbert Mervilus; 22 décembre 2024

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