Martino, enseigne emblématique de notre ancien centre-ville
Au cours de la décennie 1970–80, la référence qualitative (et moderne) quant aux chaussures pour hommes se résumait à Martino.
Dans le langage quotidien des portauprinciens, on s’attachait aux marques et aux lieux symboliques. Certains marchands-tailleurs n’hésitaient pas à recommander le distributeur de mocassins qui fera l’affaire. Au temps de Jean-Claude Duvalier, le fameux «ton-sur-ton» faisait bon ton. Quelques personnalités s’identifiaient avec une plaque d’immatriculation de véhicules. Généralement des chiffres qui s’associaient à une date mémorable de la «révolution» ou faisant allusion à un calibre…
Alors que je vous en parle, je me rends compte de l’étroitesse de notre marché: des deux côtés, entre la rue des Casernes et celle des Césars. Oserai-je dire ces enseignes n’étaient nulle part enregistrées et personne ne songea à une photo-souvenir! Comme si l’histoire du principal pôle financier de la République pendant environ 70 ans constitue un fragile package d’oraliture! Parce que, au-delà des particularités liées au régime politique des Duvalier, des entrepreneuses de la Jamaïque et de la République Dominicaine venaient s’approvisionner régulièrement en Haïti, vers la fin des années 70.
Dans ce pays d’hier, il était courant d’entendre dire: «je porte du Martino». Qui signifiait tout simplement porter des chaussures de qualité et inclusive.
Gilbert Mervilus, 4 août 2020
Notes: Les Martino étaient de grands défenseurs de la fabrication en Haïti de chaussures de qualité. D’autres entreprises italiennes se spécialisaient dans l’importation. Qui s’occupe de la mémoire de la petite et moyenne industries chez nous?