Pierre-Richard Bouchereau

Notre Pierre-Richard Bouchereau s’absente

Don Gilberto

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J’ai passé la nuit du 12 janvier 2010, paisiblement assis avec mon épouse sur des chaises offertes par Pierre Richard Bouchereau, à l’entrée de la résidence Bouchereau. La cour et l’emblématique maison des Bouchereau ont magnifiquement marqué ma génération, depuis plus 4 décennies : nous prenions rendez-vous pour refaire l’histoire et celle d’Haïti, sans bousculade chronologique.

C’est maintenant que je suis en train de me demander quel âge avait Pierre Richard ?

Chaque 12 janvier, depuis 2010, nous avions une grande conversation autour de la capitale et de notre quartier. Il était le dernier grand de Turgeau à savoir fraternellement converser aux petits marchands et aux grands commerçants, avec un sourire franc et même de boxeur. Si vous l’aviez observé lorsque toute notre rue Assad et une bonne partie de Turgeau recevaient des tentes, c’était un boy-scout et un général d’armée, assistant et chef planificateur au service de la communauté. Je me suis toujours demandé quand avait-il appris à monter et démonter des tentes, rapidement!

Alors que Yolene, sa belle-soeur, vient de me communiquer l’âge de Pierre Richard, je n’y crois pas. Il avait ce respectueux langage mi-français culte, mi-créole d’ancien vétéran de toutes nos guerres pour s’adresser à tout le monde. Il refusait le qualificatif «d’intellectuel» et m’autorisait à l’apppeler «maestro du béton». C’était l’un des rares, avec qui causer sur la chasse sportive constituait un sujet passionnant. En général, la plupart des nôtres souhaitent ignorer les règles de cet art ancien et complexe.

Un grand haïtien, Monsieur Bouchereau.

Gilbert Mervilus, 31 janvier 2021

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