Le président américain Barack Obama écoute Leonel Fernandez, président de la République dominicaine, à l’issue d’une réunion bilatérale dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, aux États-Unis, le lundi 12 juillet 2010. Obama a remercié la République dominicaine pour son aide pendant le tremblement de terre il y a six mois en Haïti. Photo: Andrew Harrer/Bloomberg via Getty Images

Pourquoi est-il si difficile d’écrire sur nos voisins?

Don Gilberto

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Certains compatriotes aiment citer Jean Price-Mars (La République d’Haïti et la République dominicaine, 1953) ; quelques rares connaisseurs préfèrent Sauveur Pierre Etienne (HaÏti, la République Dominicaine et Cuba , 2011); et de temps à autre un article tombe, comme celui du professeur Jean Marie Théodat (Retour de Santo Domingo, 2019–08–12 , Le Nouvelliste) . Le texte est tombé avec la force d’un cadeau de la divine providence («No hay mal que por bien no venga»).

N’était-ce l’apparition miraculeuse d’un Georges Anglade qui bouleversa notre perception de l’Espace haïtien, dès l’ancienne 6ème (première année du secondaire), certainement les élèves seraient encore à répéter -comme ma génération, en primaires-: «la République d’Haïti est un pays essentiellement agricole».

Les voisins ont exporté pour 16 millons 500 mille dollars de mangues en 2018 (Listín, 4/06/19, Economía & Negocios); 168 millions de dollars d’avocats pour les 5 dernières années (Joaquin Caraballo,ElDinero); 880.560 dollars de cassave (manioc) entre janvier et mai 2019 (María Del Carmen Guillén, El Dinero). Où en sommes-nous?

Pour l’année 2017, avec une population de 10.513.131 habitants (datosmacro), il y eut 2.173. 509 d’élèves du secteur public et 668.481 du secteur privé dans toutes les écoles et collèges dominicains, (Viviano de León, Listin, 21/08/17); 3.752 écoles privées accueillant 20.4% d’élèves (Panky Corcino, El Dinero, 06/17). En cette même année, 1.443.030 dominicains ont laissé le pays. 842.207 femmes et 600.823 hommes. 5.110 sont venus en Haïti (datosmacro). Les voisins ont une dizaine de quotidiens nationaux (Diario Libre, El Caribe, El Nacional, El Nuevo Diario, Hoy, La Información,Listín Diario, InfosDiarios,Metro, El Día) et 52 publications scientifiques en ligne (Latindex).

La semaine prochaine, la UASD (Universidad Autónoma de Santo Domingo; le campus central et 18 campus régionaux), celle que Jean-Pierre Boyer jugea bon de fermer pendant 21 ans, reçoit 226 mille étudiants, en plus des 31 mille qui se sont inscrits pour commencer ce semestre. Elle a un budget de 8 milliards 500 millions de pesos. Chez nous, je viens de découvrir une impressionante liste de centres de formation supérieure «reconnus». Actuellement, il n’y a qu’un campus de l’Université d’Etat qui s’est inscrit qualitativement dans le XXIème siècle, adresse: 89, rue Oswald Durand.

Lorsqu’on se rappelle quelque part dans La Isla Al Revés, Joaquín Balaguer fait allusion aux intentions impérialistes des haïtiens, certaines attitudes s’expliquent: Aurions-nous une coriace potion magique salivaire pour combattre ces voisins qui reçoivent, de temps en temps, mandat de veiller sur nous, à chaque catastrophe (naturelle ou autre!) …

Pensez-vous sérieusement que les nationalistes dominicains sont pires que les nôtres? Evidemment, depuis quelques bonnes années nous n’en avons pas. Et voilà ce qui explique qu’il deviendra de plus en plus difficile d’écrire, de commenter le fait dominicain. Jusqu’à quand la communauté internationale permettra l’existence de deux pays sur cette Ile ?

Gilbert Mervilus, 17/08/19

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