Promenade autour de quelques bâtisseurs du XXème siècle qui nous interpellent
Le capitaine Ernest R Gayler du Corps de génie civil de la marine américaine (10 novembre 1874 — ?) fut commissionné ingénieur en chef par le président Dartiguenave le 3 janvier 1917. Il était responsable de tous les travaux publics en Haïti jusqu’en 1920. Gradué de Washington University en 1895, il est entré au CEC (Civil Engineering Corps ) en 1902. Il a mis fin à son service naval en 1947. Le chirurgien de la Navy (marine américaine) Norman T. McLean a assumé les fonctions d’ingénieur sanitaire en chef en Haïti à la même époque. Il était responsable de toutes les questions relatives à la santé publique. Dans l’état actuel de la documentation, nous n’avons pas encore sa photo.
Rappel: Le Service de santé publique a été créé en 1917, conformément au Traité de 1915 qui légalisa l’occupation. Connu sous le nom de Service d’Hygiène, le département était placé sous la responsabilité d’un ingénieur sanitaire.[…]. Bien que son budget ait été réduit, le Service d’hygiène a continué de fonctionner après la fin de l’occupation. Il a été rebaptisé Département de la Santé Publique, avant de devenir finalement le Ministère de la Santé.
L’ingénieur en chef apparait déjà dans notre histoire en 1910, sous la présidence d’Antoine Simon (17 décembre 1908–2 août 1911). Voir Le Moniteur des 21 et 24 septembre 1910. Max Bissainthe nous éclaire sur les rapports annuels de l’ingénieur en chef (de 1920 à 1941) aux pages 175 et 176 du Dictionnaire de bibliographie haitienne.
Dans le rapport pour l’année 1928 du haut commissaire américain en Haïti, le général John H. Russell, nous lisons : «En août, le capitaine Frederick H. Cooke a été relevé de ses fonctions d’ingénieur en chef par le commandant Greer Duncan. Le capitaine Cooke a exercé ses fonctions d’ingénieur remarquablement…». Le capitaine Frederick H. Cooke succéda au capitaine Archibald L. Parsons (dont la signature apparait sur le 1er numéro du Bulletin hydrographique de 1924).
Quelques mois après le séisme du 12 janvier 2010, je suis passé à la mairie de PauP, alors logée à l’immeuble Digicel, déposer une correspondance signalant le début de latrinisation d’une partie du quartier de Débussy. Cette correspondance du 17 septembre 2010 n’a jamais eu de réponse…
Dix ans plus tard, alors que de lourds dossiers liés au foncier semblent monopoliser l’attention de l’opinion, de sérieux drames se consolident et n’attirent pas encore l’attention des faiseurs de scoops…
Jusqu’au début des années 80, on apercevait des gens qui faisaient de la lessive en certaines parties du Bois de Chêne. A des saisons précises, depuis quelque temps, l’émanation désagréable des latrines déversées –généralement pendant les averses– se propage à travers une partie de Débussy et de Turgeau, pendant 72 heures au moins. Me direz-vous que viennent faire d’illustres noms à côté de ces problèmes actuellement inqualifiables ?
Lorsqu’ on s’applique à étudier leurs rapports et publications, on se rend rapidement compte qu’il n’y avait aucune place pour le laisser-aller en Haïti !
A partir de novembre 2017, le génie militaire est prononcé à haute voix et comme note dominante du rétablissement des forces armées. Sur le site du ministère de tutelle, le corps existe depuis “1958”.
Pourtant l’ancêtre du corps du génie des F.A.d’H. a bien existé. Dans l’organisation du 12 août 1957 de l’Armée d’Haïti (col. Bernardin Augustin chef d’état-major a.i. juin-oct 1957), l’alors “Bureau des ingénieurs” fait partie des services spéciaux et dépend du quartier-maître. Le bureau est logé au Grand Quartier Général.
En évaluant le parcours des ingénieurs de la Navy et leurs assistants haïtiens pour l’époque 1917–28 qui préfacèrent le rôle considérable des remarquables ingénieurs en chef de la décennie 1930–40 (L. Jeannot et Ch. Féquiere), on s’interroge pourquoi un projet de corps du génie –militaire et sanitaire– n’a pas convenablement figuré à l’agenda des décideurs haïtiens?
Gilbert Mervilus, 29 mai 2020
Curiosités bibliographiques: Bulletin hydrographique, (Les eaux de surface de la République d’Haïti ), du Département des Travaux Publics. Jaugeage des cours d’eau, leur débit, observations pluviométriques, etc.; le no 1 parait en 1924 (couvre 1918–1923).
Notes sur Haïti et sa capitale, 1935, par Lepelletier Jeannot
Six mois de Ministére en face des États-Unis par H.PauléusSanon, Imprimerie Aug. A. Héraux, 1936
Naval History & Héritage Command; Public Health Under United States Occupation par Matthew Davidson;U.S. Navy Civil Engineer Corps Bulletin, Volume 11 (1957).
