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Quand aurons-nous en Haïti l’avenue George Floyd ?

Don Gilberto
2 min readJun 3, 2020

L’Amérique de toujours est en train de nous secouer avec une de ces affaires dont elle a le secret (fabrication et renouvellement). Malgré l’avalanche de messages reçus autour de cette actualité, ce sont les lourdes questions de Marc Aurèle Garcia (Marcus) dans son éditorial du jour (Melodie 103.3 FM ) qui m’ont ordonné de me prononcer sur la terrible affaire.

Après avoir organisé le départ des principaux responsables, l’armée des Etats-Unis inaugure le calvaire des soldats qui durera des années… (Haiti, 1994)

Mieux que La France, toujours institutionnellement napoléonienne, les États-Unis d’Amérique savent élégamment structurer le racisme et l’administrer. Si nous observons l’échantillon de réactionnaires qu’ils ont soutenus en Haïti au cours de ces 60 dernières années, l’on est surpris comment ils s’adaptent à notre slogan préféré «à bas les mulâtres, vive les mulâtresses»… Dans l’Haïti de toujours, l’univers scolaire est une longue histoire de ségrégation, non encore abordée convenablement. Les instruments et paramètres classiques produits par Marx, Bourdieu, Weber, parmi d’autres, n’ont jamais permis de maîtriser les subtiles stratifications autour de nos salles de classe.

Lorsque la Ruelle Nazon devint «Avenue Martin Luther King», avec photo du pasteur King. Henry, Diana Mara (photographer), 1973

L’Haïti de la guerre froide et son violent leader le Dr. François Duvalier étaient mieux armés, intellectuellement et sur le plan diplomatique, pour protester contre l’assassinat de Martin Luther King, en avril 1968. Certes, Duvalier préparait sa succession avec l’ambassade américaine -comme Aristide, Préval et d’autres le firent ou essayèrent…-.
Aujourd’hui, sous ce qui reste de ciel en Haïti, il n’y a pas d’idéologie. D’idéologue non plus. L’individu lutte pour un salaire, essentiellement alimentaire et souvent chargé de travers. Personne ne s’intéresse à Luther King, Duvalier ou même Floyd.
Une avenue George Floyd serait utile pour se rappeler qu’il est temps que l’histoire des États-Unis s’installe dans le primaire, le secondaire et l’université en Haïti. Pour les raisons que nous savons et d’autres préférables d’ignorer, ces jours-ci…

Gilbert Mervilus, 3 juin 2020

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