Quel avenir pour nos Forces Armées d’Haïti?
Avec une pensée spéciale,
pour le Général Morton Gousse;
les Colonels Serge Mathurin Charles;
Monod Philippe; Jean-Claude Delbau
& le Dr. Panestecker Laroche;
avec la plus grande discrétion, autour de Lalue et le Bois Verna d’hier, ils veillaient impeccablement sur les turbulences et amours scolaires de ma génération; A leurs parents et alliés, Respect majuscule.
Très récemment, j’ai demandé à une amie bousculée par les circonstances post-Solino des nouvelles de la ravine Pintade et du voisinage immédiat?
A une certaine époque, ce voisinage dont je parle faisait partie des cercles sécurisés de notre capitale. S’y trouvait la résidence de Mr. Pierre Biamby; gloire du Racing Club Haïtien, membre du secrétariat privé du Dr. François Duvalier; chargé de contacter les familles duvaliéristes lors de la matérialisation du projet de réouverture de l’Académie Militaire d’Haïti (1971); futur ministre de l’Intérieur et de la Défense; père du futur général Pierre Philippe Biamby.
Un soir de la période dite du «coup d’État», je me rapportai chez le Général à minuit cinq, pour la gestion efficace d’un dossier urgent. Quelques heures plus tard, avant la montée du drapeau, le dossier appartenait au passé.
Il est toujours instructif de souligner qu’aucune institution haïtienne du 20ème siècle n’a encore dépassé les FADH dans la gestion de la sécurité publique. Méfiez-vous des terrifiants jeux et pièges de langage. Lorsque les États-Unis et leurs Services n’arrivaient pas encore à ficeler des coups d’état électoraux, ils utilisèrent certains officiers. Depuis le reformatage des forces de l’ordre haïtiennes par le major-général, US Marines, Smedley Butler (Gendarmerie d’Haïti, 1916), la concrétisation de notre première École Militaire (École Militaire de la Gendarmerie d’Haïti, octobre 1921) par le major-général, 16ème commandant des US Marines, John H. Russell Jr, le militaire haïtien est resté un modèle exceptionnel de dignité dans la précarité.
L’homme politique et ethnologue, Dr. François Duvalier, étudia au microscope les paradoxes de la force publique. En 1957, plus de 50 % des officiers étaient des locataires. Certes, l’accès aux soins de santé, à l’éducation et à la nourriture n’avaient pas -pas encore!- la dimension dramatique du moment présent. Malgré l’épaisseur des rumeurs, au départ de Jean-Claude Duvalier en février 1986, les officiers relativement riches n’atteignaient pas 5% de l’effectif des FADH.
Le 4 novembre dernier, je disais à un jeune ami journaliste, «Les FADH constituent la seule entité militaire de l’hémisphère sans aucune intention d’afficher leurs repères historiques, idéologiques ou autres. On comprend pourquoi 100 ans après l’inauguration de la première École Militaire (1er octobre 1921), il n’y a pas de Colonel Boulos, Major Mevs ou Général Bigio! Au moins nous aurions dû les avoir comme Parrains de Promotion (s) ou au Ministère de la Défense, comme grands conseillers, pour vider nos innombrables contentieux sociaux. D’autres, certes, préfèrent la Caricom; j’aurais mieux saisi les propos d’un Boulos, Mevs ou Bigio en kaki que les fameuses «éminences» importées…
Après avoir décrit dans un article en août 2023 les conditions dans lesquelles évolue le haut commandement haïtien, un Général dominicain à la retraite me fit téléphoner par son fils à 3h am. Question : ¿Coño, cómo es posible? Il était jeune officier lorsqu’en 1977 Jean-Claude Duvalier s’intéressa aux chars et avions de combat ; une deuxième Promotion venait de sortir de l’Académie Militaire à Frères. Il y eut inquiétude dans le premier cercle militaire voisin… »
En 2025, Haïti a urgemment besoin d’une nouvelle Académie militaire, pouvant former concrètement face aux défis nationaux et régionaux du XXIème siècle. Haïti a aussi besoin de véritables cités militaires, à travers tout le territoire national. Des espaces convenablement conçus et construits, qui doivent dépasser la pose photographiée de la première pierre, avec des politiciens sans envergure et sans avenir réel. Le service militaire et la construction de la réserve organisée constituent aussi une urgence.
Les FADH du 21ème siècle doivent sortir du cadre étroit du Ministère de la Défense, format restreint actuel. L’Éducation Nationale, la Santé Publique et les Affaires Étrangères doivent contribuer à la redéfinition de la sécurité nationale. Les Travaux Publics y sont déjà, en attendant les nouvelles missions du Génie Militaire. Les pirouettes sympathiques de formation intensives, fantastiquement médiatisées, ne peuvent donner aucun résultat si les premiers cercles politiciens ne comprennent pas encore que le gendarme haïtien a aussi une famille. Historiquement, cette institution doit être respectable et respectée. Nous n’avons pas inventé la géographie et ses inévitables enjeux. Il faut urgemment construire une nouvelle coopération militaire haitiano-américaine. Toute démarche contraire n’est que vaine donc inutile. L’ improductif conflit haïtiano-haïtien sous surveillance des États-Unis a déjà produit suffisamment de cadavres et de dégâts. Il passer à un autre chapitre.
Avec des salutations respectueuses aux familles de nos gendarmes.
Au Combat et Talon!
Gilbert Mervilus, 21 décembre 2024
