Qui osera camper le colonel Franck Romain ?
« — Je suis préfet de la police depuis plus de vingt ans, Pelletier. Deux décennies à nettoyer les écuries de la république, et s’il y a bien une chose que ma fonction m’a apprise…c’est que nul n’est irréprochable!….» Fabien Nury
Dans la nuit du lundi 28 au mardi 29 août 2017, le colonel Franck Romain a déposé ses étoiles. Légendaire officier duvaliériste de premier plan, il fut de la Promotion 1956 de l’Académie militaire d’Haïti. En compagnie d’autres camarades de l’hémisphère, il a reçu un second baptême à l’Ecole des Amériques.
En marge de toute chaloskarisation réductrice, je suis allé faire un tour de l’emblématique place Pétion, au Champ de Mars. Déjà, «on» racontait que l’ingénieur-magistrat Franck Romain, alias Pakapala, souhaitait une grande réconciliation pour le développement national. L’ancien colonel rêvait aussi, en plein jean-claudisme déclinant, d’une capitale disposant de complexes d’appartements inclusifs. Sportif notoire, Romain avait un représentant dans chaque club d’athlète de Port-au-Prince. A la manière d’Omar Bongo, c’était un homme de réseaux directs et de contacts.
Certainement, cela dérangea, dès 1983, une «présidence à vie» jeanclaudienne déjà crépusculaire. Qui osera camper cet officier, à ce moment précis où le classique «beau rôle» souffre de sévères constipations. De gros paquets d’interrogations courtisent la majorité des faiseurs autoproclamés de démocratie chimérique.
Le colonel Romain, ancien commandant des Casernes François Duvalier, siège du département militaire de la Police de Port-au-Prince est parti avec de lourds secrets. Laissons, patiemment, la lumière des archives nous éclairer sur un acteur exceptionnel d’une époque complexe.
Gilbert Mervilus, 2 septembre 2017
Notes: «Franck Romain est mort dans son lit, hélas», Haiti En Marche (06 au 12 Septembre2017). «Jeune officier, dès son arrivée au pouvoir, en 1957, François Duvalier lui accorda les postes les plus importants dans son système de sécurité. Franck Romain a d’abord été chef de la police de Pétionville, banlieue huppée de la capitale haïtienne, et dont la majorité des résidents avaient voté en faveur du principal candidat rival de Duvalier, l’entrepreneur mulâtre et ex-sénateur Louis Déjoie. Le capitaine Franck Romain fera subir toutes les misères du monde aux jeunes gens de Pétionville, dont beaucoup ont fini par gagner l’exil. Dès lors, il acquit une réputation de ‘mangeur de mulâtres’. Ce qui n’était pas pour déplaire à Papa Doc. Et qui sut le mettre à son profit.»Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince, Haïti en Marche • Vol XXXI • N° 34, page 5