Revisiter courageusement le 17 septembre…
Les événements récents confirment que nous consommons remarquablement la presse internationale. Tout en oubliant de la revisiter, pédagogiquement…
«Haiti à nouveau déchiré
L’histoire mouvementée d’Haiti vient de connaitre un nouveau rebondissement. Le général putschiste Henri Namphy, qui avait déposé le président Leslie Manigat, mal élu cinq mois plus tôt, vient à son tour d’être écarté, le samedi 17 septembre, par un autre militaire, le général Prosper Avril. Ce nouveau coup d’Etat, qui n’a pas donné lieu à de violents affrontements, est intervenu à un moment où le pays connaissait le retour d’une terreur qui semblait laisser l’ancien pouvoir indifférent.
Le nouveau chef de l’Etat, si l’on en juge par ses premières déclarations, souhaite remettre le processus démocratique sur les rails et s’apprêterait à constituer un gouvernement civil et militaire en faisant appel à des personnalités en vue de l’opposition, comme Marc Bazin, ancien candidat à la présidence du Mouvement pour l’instauration de la démocratie en Haiti (MIDH). Le général Avril, qui a effectué de nombreux séjours et stages militaires à Washington, affiche aussi son intention de lever le plus rapidement possible les obstacles à une reprise de l’aide américaine.
En somme, ce coup d’Etat pourrait être bénéfique pour ce petit pays déchiré et ruiné, par contraste avec l’échec cuisant du général Namphy, dont l’immobilisme et l’incapacité étaient patents. Mais les réserves ne manquent pas. Tout d’abord sur l’origine même du putsch, manigancé par des hommes de troupe et des sous-officiers. On peut s’interroger sur leurs motivations profondes, alors que l’une de leurs revendications concerne la nomination du colonel Jean-Claude Paul, commandant des casernes Dessalines, au poste de chef d’état-major des armées. Le colonel est sérieusement soupçonné d’être l’un des hommes forts du trafic de drogue en Haiti, dont il aurait fait profiter la troupe.
Même si le général Avril ne semble pas encore avoir accédé à cette demande, le nouveau chef de l’Etat lui-même n’est pas à l’abri de tout soupçon. Toute sa carrière militaire s’est en effet déroulée aux côtés de la famille Duvalier, père et fils. Il était même le garde du corps et le confident de “ Baby Doc “. C’est donc un personnage pour le moins ambigu, qui avait été écarté du premier gouvernement provisoire sous la pression populaire, malgré le rôle d’intermédiaire qu’il avait joué au moment du départ de Jean-Claude Duvalier. » Publié le 20 septembre 1988 à 00h00 — Mis à jour le 20 septembre 1988 à 00h00
Voir aussi: Le Gouvernement Avril: Bilan et Révélations https://gilbertmervilus.medium.com/le-gouvernement-avril-bilan-et-r%C3%A9v%C3%A9lations-e93678db1dbf