Une belle institution, Les Maingrette
J’ai, tôt ce matin, lu un message télégraphique de Mr. Frantz Mervilus.
Dans l’histoire majuscule d’Haïti et de certains quartiers, il y a des noms, des résidences et des cours qui ont façonné des générations, autrement. La maison de Monsieur et Madame Auguste Maingrette constitue un exemple éloquent.
«Tout le monde pensait qu’il était medecin et l’appelait Dr Maingrette mais c’était un administrateur…Un des plus grands d’Haiti qui a donné ses lettres de noblesse à l’HUEH. Mais depuis son depart ça été une très lente et très longue descente aux enfers de ce grand centre hospitalier. Ma mère travaillait à l’hôpital comme statisticienne et ensuite comme responsable administratrice de la maternité et c’est là tout petit à l’âge de 5–6 ans que j’ai connu Dr Auguste Maingrette…Un très grand monsieur et un administrateur hors pair comme on n’en fait plus. Merci Gilbert d’avoir ravive sa memoire». (Azad Belfort, 14 décembre 2019).
Le chauffeur de Monsieur Maingrette s’appelait Carré. Les traits de son visage rappelaient ceux du cubain universellement connu Miguel Matamoros. Au volant de la Ford Taunus bleue ciel des Maingrette, Carré était une personnalité dans la ville d’hier. Un après-midi du début des années 70, il m’amena assister — en compagnie de Madame Maingrette et de ma mère — un coucher de soleil au Quai Colomb.
En vérité, je vous le répète, comme j’ai eu à le raconter il y a quelques années sur Ipagination.fr, la table des grands jours chez Madame Auguste Maingrette s’élaborait des semaines à l’avance. Nous n’étions pas encore à l’heure du tout chimique. Des décennies plus tard, en étudiant le poids de la gastrodiplomatie dans l’histoire, je n’ai pas manqué de citer son nom.
Me voici récemment, lors de la première grande réunion du Livre (26 mars), avec une pensée pour Monsieur Maingrette «J’aime rappeler que le père de Madame Marilyn Maingrette Supplice m’a appris à lire l’histoire de la médecine et des grands médecins haïtiens. La bibliothèque de Monsieur Auguste Maingrette m’a transformé en serviteur de la Faculté de médecine»
Nous sommes nombreux, les orphelins de Madame Maingrette, ma commère.
Mes sympathies à mon jeune frère et filleul Charles Mervilus.
Gilbert Mervilus, 17 avril 2021
