Quelle institution haïtienne pense aux archives photographiques nationales?

Don Gilberto
4 min readJun 1, 2024

Dans la capitale d’hier, ma génération commença à se familiariser avec les visages de nos chefs d’État au salon du coiffeur Nerva Calixte. D’abord au Chemin des dalles dans la décennie 1960–70, puis en face de Saint-Louis roi de France à partir des années 80. La collection complète des visages de nos dirigeants ornait le salon, y compris une belle photo des personnalités du gouvernement collégial de 1957 (6 avril-20 mai). Dans le Port-au-Prince de ce temps-là, nous avions: Dietz, Domond, Chaton, Alpha, Foton, Abraham, Lux. Les laboratoires de développement rapide «Haïti Color Lab» et les talentueux Stéphane Roumain, Dominique Frank Simon révolutionnent l’art, au milieu des années 70. Aller faire une photo de famille constituait jusqu’alors un véritable rituel, surtout le dimanche après-midi. Retourner, 3 ou 4 jours plus tard, pour prendre livraison, constituait un véritable un événement. Qui verrait cette photo avant, «en premier»? Il y avait des particuliers qui possédaient leur appareil, mais ne disposaient pas de laboratoire. C’était le top de l’art; connaître la technique ou assister au «développement du cliché»!

Au début des classes primaires chez Madame Gladys Rouzier Wagner, ma directrice avait trouvé une efficace méthode pour gérer ma turbulence: à l’heure de la récréation, je devais rester au salon de sa résidence, limitrophe à l’établissement scolaire. Vers la fin des années 80, je suis passé saluer Madame Gladys, lors du décès de sa mère. J’avais profité pour lui demander une petite faveur: regarder, calmement, sa belle collection de fascinantes photos, en noir et blanc, toutes dédicacées par Edouard Peloux. Le salon n’avait pas réellement changé et je me rappelais mes grandes conversations avec ces mêmes photos, qui étaient pratiquement accrochées à la même place.

Le dimanche 17 mars 2019, j’ai rendu visite en compagnie du Doyen Jean-Claude Cadet à Lionel Domond. Ému, Mr. Domond a observé ma promotion en douzième à «Au Galop» qu’il photographia en mars 1969. Pendant quelques bonnes années, les photographes Dietz et Domond ont signé un grand nombre de photos officielles. Chaton fit la photo de la prestation de serment du président François Duvalier, le 22 octobre 1957. Les photos de la visite du président Léopold S. Senghor en février 1976 portèrent la signature de Dominique Franck Simon. Dans les années 80, Axel Dupoux se distingua aussi dans les reportages autour du premier cercle.

Au pays où chaque génération rêve d’effacer les initiatives des aînés et pionniers, la photographie constitue un espace d’enjeux complexes. Cela m’a pris plus de 30 ans pour cerner la complexité et les exigences du travail de Randolph Moïse. Comment oserions-nous évaluer les 23 galeries photographiques exposées- et partiellement numérisées- faisant partie intégrante du patrimoine de l’État ? Ces galeries ouvertes à tous et généralement appréciées par la communauté (ministères et organismes/directions autonomes) représentent qu’un aspect du professionnalisme de Randolph. Au milieu de la décennie 90, au bureau du capitaine Jean Nesly Élie, il y avait encore la trace photographique de tous les officiers des Forces Armées D’Haïti qui essayèrent de faire respecter les normes dans la volcanique circulation des véhicules dans notre capitale. Le capitaine Élie maîtrisait parfaitement leur histoire, calvaires et minces succès, dans notre jungle particulière.

Le dimanche 3 janvier 1841, grâce à George Washington Halsey (de nationalité américaine), Cuba devient le deuxième pays au monde et le premier en Amérique latine à inaugurer officiellement un studio de daguerréotypes ouvert au public. L’aventure photographique commença chez nos voisins dominicains en 1851. Presque vers la même époque que chez nous, en 1852, sous le règne de l’empereur Faustin 1er. Toutefois, la conservation, la sauvegarde et la divulgation sont bien présentes dans les institutions et la société à Cuba et en République Dominicaine.

Notes: La fotografía en Cuba: Historia de resurrecciones

Cuba, sus inicios fotográficos; Opus Habana, Vol. VIII, №3, 2004–2005, pp. 4–15.

La photographie haïtienne au XIXème siècle Par Frantz Voltaire, Chemins Critiques

En Haïti, la photographie n’est-elle qu’une affaire de gagne-pain ? Philippe Barthelemy

(Extraits de: L’histoire d’Haïti d’un contribuable inquiet…)

Gilbert Mervilus

Série commencée en novembre 2015: Quelle institution s’occupe de l’écharpe présidentielle en Haiti? https://gilbertmervilus.medium.com/quelle-institution-soccupe-de-l-%C3%A9charpe-pr%C3%A9sidentielle-en-haiti-fe6fca07e574

Quelle institution se chargera de conserver les vêtements ensanglantés de Son Excellence? https://medium.com/@gilbertmervilus/quelle-institution-se-chargera-de-conserver-les-vêtements-ensanglantés-de-son-excellence-842b35082472

Quelle institution s’occupe de l’image de nos dignitaires ? https://gilbertmervilus.medium.com/quelle-institution-soccupe-de-l-image-de-nos-dignitaires-fcd189516f6d

La dépouille de nos dignitaires https://gilbertmervilus.medium.com/la-d%C3%A9pouille-de-nos-dignitaires-42f8c63e592d

Quelle institution s’occupe de la santé de nos dignitaires ? https://gilbertmervilus.medium.com/quelle-institution-soccupe-de-la-sant%C3%A9-de-nos-dignitaires-5d8eb0ca5518

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